Les résolutions de début d’année confirmées par les statistiques

Nous avons jeté un œil à l’âge moyen des célibataires inscrits sur Mektoube sur les 7 années qui viennent de s’écouler. Deux tendances se dégagent nettement: en fin d’année l’audience du site ‘se rajeunit’. En début d’année, c’est l’inverse, l’âge moyen augmente.

Âge moyen des inscrits sur le site de rencontre Mektoube

Chaque début d’année, c’est la même chose: trouver un conjoint fait partie des bonnes résolutions des célibataires. Et avec l’âge le temps presse, l’âge moyen de notre base augmente donc dès le 1er de l’an!

Shayan Zadeh – the co-founder and co-CEO of Zoosk

“Since 2007, the company has acquired a chunk of its user base from social networks at nominal cost, and the window for this acquisition channel is now closed

Suite à notre premier billet“Le social dating n’existe pas” , nous avons retrouvé dans une interview de Shayan Zadeh la confirmation que l’acquisition clients rapide et à faible coût via les réseaux sociaux n’existe plus .

Source : lsvp.wordpress.com

Le Social Dating n’existe pas !

Nous sommes dans le métier depuis des années. Et chaque année, nous voyons apparaître de nouveaux concepts sensés bouleverser la hiérarchie ou le modèle économique du secteur de la rencontre en ligne.

Le Social Dating est mis sur le devant de la scène depuis l’émergence des réseaux sociaux, Facebook en tête. Le pionnier Zoosk a lancé son application Facebook fin 2007. Depuis, le Social Dating est à la mode, faisant des émules jusque sur le marché français de la rencontre. Vous avez de nombreux amis, qui ont plein d’amis célibataires, et par la magie d’internet et des réseaux sociaux vous utilisez ce vivier pour vous constituer un pool de prétendants. Idée du siècle ou simple fantasme ? Révolution du business de la rencontre en ligne ou effet de mode ? Précisons de suite, comme le titre de ce billet le laisse présager : nous n’y croyons pas du tout.

Un modèle opportuniste

Lors de l’apparition des premières applications tierces, l’utilisateur Facebook lambda est confronté à quelque chose de nouveau et qu’il ne maîtrise pas. Ces apps connaissent dès le départ un fort engouement. Les utilisateurs partagent sans hésiter leurs données personnelles avec les éditeurs. Certains comme Zoosk se sont trouvés au bon endroit, au bon moment, pour tirer parti de la situation. A cette époque, en 2007-2008, le système de notifications de Facebook fait preuve de grande largesse et contribue à diffuser l’information viralement et à grande vitesse. Les éditeurs d’applications ont pu profiter au maximum du levier viral pour faire de l’acquisition à bas coût et se constituer une base.

Qui a montré ses limites

Depuis 2008, l’environnement a évolué mais le modèle du Social Dating n’a pas su s’adapter. D’une part, les utilisateurs de Facebook sont devenus plus méfiants et réticents à partager leurs données personnelles avec des entreprises. D’autre part, Facebook a progressivement fermé les vannes, et a mis en œuvre de nouvelles politiques liées à la confidentialité des données. En 2011, vous ne pouvez plus fonder votre modèle économique sur ce système d’acquisition low cost. Le mythe économique du Social Dating n’a pas résisté, il est mort-né. Les gros acteurs du Social Dating doivent rentrer dans le rang du modèle ROIste de la rencontre en ligne, comme le soulignait Marc Simoncini en février dernier. Leurs levées de fonds sont employées au mieux dans des stratégies « classiques » d’acquisition de trafic, au pire dans de l’acquisition de trafic « underground »… De plus, le social dating s’appuie à l’origine sur la puissance des réseaux sociaux, c’est-à-dire aujourd’hui quasi-exclusivement sur Facebook. Or il est dangereux de bâtir la majeure partie de son business model sur les services d’une seule autre entreprise. Dernièrement, l’arrivée de Google Panda en est l’exemple mais c’est une autre histoire…

Des millions d’utilisateurs pour quel résultat ?

Pire, l’expérience a montré que cette audience à bas prix était peu qualifiée et au final difficile à monétiser. Combien de personnes mariées ou en couple se sont retrouvées inscrites sur ces sites de Social dating par hasard et à leur insu ? Parce qu’elles avaient installé des applications de rencontre sans en comprendre les tenants et les aboutissants. Acquérir rapidement des millions de membres ne sert à rien s’ils n’utilisent pas le service, et si le service proposé n’est pas à la hauteur des attentes.

Replacer l’utilisateur au centre des préoccupations

Mais le célibataire a-t-il seulement souhaité adhérer au concept de Social Dating ? Avez-vous vraiment envie que tous vos proches soient au courant que vous êtes à la recherche de l’âme sœur sur le net ? Avez-vous envie de tomber sur le meilleur ami de votre cousin lors d’une session de rencontre online ? Beaucoup de tabous sur la rencontre en ligne sont tombés depuis la fin des années 90, nous sommes bien d’accord. Tant mieux. Cependant, même en 2011, la plupart des gens ne crient pas sur les toits qu’ils cherchent l’amour sur le web. Facebook and co. étaient à leurs débuts annoncés comme une concurrence fatale pour les sites de rencontre. Le temps a montré que ce n’est pas le cas. Ce que veulent les clients de la rencontre online par-dessus tout, c’est préserver leur anonymat. Même en s’inscrivant sous un faux nom et avec une photo de profil fantaisiste, les réseaux sociaux ne peuvent pas vous garantir cet anonymat. Par essence, anonymat et réseau social ne peuvent perdurer. Vous constituez votre réseau par vos amis et ce sont eux qui trahissent votre véritable identité.

Le Social Dating revient à « piocher » parmi votre « catalogue » d’amis célibataires. Pas très romantique, et surtout pas viable à terme. Quelques expériences ont été tentées, mais elles relèvent plus du gadget amusant qu’autre chose. Surtout, nous pensons que ce virage vers le Social dating a été pris au détriment de l’utilisateur et de ses véritables besoins, dans une logique économique rapidement confrontée à ses limites. Le Social Dating n’existe pas.

Laouari Medjebeur & Thomas Nomaksteinsky

A qui profite – vraiment – le scam ?

Faut-il encore le rappeler, les scammeurs (de l’anglais scam = fraude) sont ces individus qui, seuls ou organisés entre eux, agissent sous de fausses identités et tentent d’escroquer à distance des internautes. Leur but est de gagner la confiance de leurs victimes et de leur soutirer de l’argent, de différentes manières. Tout le monde a reçu au moins une fois par email une demande de transfert de fonds pour le compte d’un soi-disant riche héritier nigérian. Ce phénomène existe depuis une dizaine d’années.

Le business de la « prisonnière espagnole »1

Et dès le départ, les sites de rencontre, réseaux sociaux et autres sites de petites annonces ont dû y faire face. Il y a globalement « deux écoles » du scam. La première, assez poussée, est l’arnaque aux sentiments, essentiellement pratiquée par des scammeurs d’Afrique subsaharienne. La seconde, celle des scammeurs des pays de l’Est consiste à envoyer massivement des messages mal rédigés dans un français hésitant, mais accompagnés de photos de créatures de rêve…

Naturellement, depuis des années, les sites ont mis en place des filtres automatisés pour détecter les scammeurs et prévenir les risques. Par exemple, certaines photos de profil ou des mots-clés comme « transfert d’argent » mettent la puce à l’oreille et incitent à une vigilance accrue. Oui Messieurs, la sculpturale blonde posant en mini short sur son lit n’était pas réellement une célibataire à la recherche de l’âme sœur. Mais ces filtres ne suffisent plus car les scammeurs se sont rapidement adaptés et ont mis au point des techniques de plus en plus élaborées pour contourner la modération :

Exemple de message typique de scammeur sur un site de rencontre :

Coucou! Comment ca va??? Tu cherches quoi comme relation ? Je n’arrive pas ajouter mes photos ici. Je suis quelqu’un de tres simple, gentille, souriante. Peut etre tu peux me laisser ton e-mail pour discuter un peu. Plus d’info et photos par e-mail ou MSN, si tu veux bien sur.
Amicalement, xxxxx.

Aujourd’hui, point de salut sans une modération « humaine », méticuleusement opérée par des agents présents sur le site 24/24. Et cela a un coût, élevé mais nécessaire pour maintenir la sécurité des utilisateurs. Il ne tient qu’à nous, gérants de sites de rencontre, de jouer le jeu, et de prendre à notre charge ce coût pour garantir la tranquillité de nos clients. Notre site est confronté comme tous les autres par ces tentatives de scams, et nous mettons tout en œuvre pour réaliser une modération efficace.

En première ligne des victimes de ces pratiques se trouvent évidemment les utilisateurs, que nous nous devons de protéger du mieux que nous pouvons. Les scammeurs s’en prennent bien sûr à leur portefeuille, mais les victimes en sortent aussi affectées moralement et psychologiquement. Les sites « honnêtes », qui font correctement leur travail, souffrent également de ces pratiques. Notre service client est parfois questionné par des utilisateurs qui pensent que si une personne ne leur répond pas, c’est forcément qu’ils ont affaire à un faux profil !

Les scammeurs, toutes proportions gardées, tirent un bénéfice de ces méthodes. Nous ne souhaitons pas faire l’apologie du scam mais ces individus utilisent souvent ces moyens malhonnêtes pour sortir de la misère. Contrairement à ce que voudraient montrer certains reportages, les scammeurs ne vivent pas dans le luxe et l’opulence.

Les scammeurs ont bon dos

Ce serait un comble mais certains sites ne profitent-ils pas tout simplement de ces faux profils ? Des journalistes ont enquêté, dans un épisode de Capital sur M6 en 2006, sur des sites de rencontre ayant recours à des « animatrices ». On y voyait les employés d’une société offshore basée à Madagascar engager des conversations sous des identités factices, afin de faire souscrire des abonnements aux utilisateurs. Les scammeurs ont pris la relève de ces animatrices. Mieux, ils jouent dorénavant ce rôle gratuitement au bénéfice des sites les moins regardants sur l’authenticité des profils ! Ces pratiques malhonnêtes stimulent les utilisateurs « normaux » en donnant une illusion d’interactivité au site.

Heureusement, ce schéma n’est pas viable sur la durée pour les brebis galeuses de l’industrie du dating ou plutôt scam dating. Parfois, ces pratiques sont trop grossières, comme le raconte cet amusant article de TechCrunch US2. La plupart du temps, ce flux de visiteurs draine avec lui son lot d’ennuis : fraudes à la carte bleue, taux de chargeback3 démesuré, base de membres non-qualifiés faisant fuir les vrais célibataires…

Il est tout à fait possible d’empêcher les scammeurs de nuire à condition de s’en donner les moyens. Si l’on consacre l’effort nécessaire pour leur mener la vie dure, ils préfèrent généralement aller voir ailleurs, sur d’autres sites plus permissifs, où ils pourront faire leurs affaires plus sereinement. A nos yeux, dans cette histoire, le vrai fléau ce ne sont pas forcément eux, mais bien les sites malhonnêtes qui jettent le discrédit sur la profession. Sur ces sites, les scammeurs sont tellement nombreux qu’ils finissent par se lier d’amitié et se retrouvent listés dans la rubrique « belles rencontres ».

Laouari Medjebeur & Thomas Nomaksteinsky

Source :

  1. http://fr.wikipedia.org/wiki/Escroquerie#Prisonni.C3.A8re_espagnole
  2. http://techcrunch.com/2011/02/02/woome-techcrunch40-finalist-20-million-in-funding-and-one-huge-scam/
  3. http://www.cashtronics.fr/chargeback.php